Un destin étroitement lié entre Ighil Mahni et Ait Ahmed Mhand Wava, un sage sur les traces de Cheikh Mohand Oulhoucine Reportage réalisé par Mohammed AMROUS
Nous sommes un vendredi. Une très belle journée qui annonce l’arrivée du mois d’avril. Nous nous sommes rendus à Ighil Mahni, un village situé à une cinquantaine de km au nord de la ville de Tizi-Ouzou, à près de 2 km du chef-lieu d’Aghribs et à une dizaine de kilomètre de la ville d’Azeffoun. Ighil Mahni ou le mont de la paix est également le village natal de la célèbre chanteuse kabyle Hnifa.
Pour faire perpétuer le nom de cette chanteuse, les jeunes du village ont crées une association culturelle qui porte son nom. Depuis sa création, l’association Hnifa active sur plusieurs fronts. En plus de la célébration des différentes journées culturelles et commémorative, l’association a lancé plusieurs autres activités permanentes. L’on cite entre autre, les jeux d’échec, la chorale, les cours de soutiens au profit des scolarisées. Des seniors en excursion Le rendez-vous a été donné à 8 heures avec les membres de l’association Hnifa.
L’objectif est de les accompagner pour une excursion qu’ils vont organiser vers un lieu situé à plus de 50 km de là dans la haute Kabylie. A la place des jeunes, nous avons trouvé dans le bus que des vieux et des vieilles. Une excursion pour les seniors du village. « Nous avons organisé une excursion pour les vieux du village. L’objectif est d’aller faire un pèlerinage au sanctuaire du Cheikh Mohand Oulhoucine ». La discussion a peine terminé qu’une veille enthousiaste et toute joyeuse de cette excursion faut son intrusion dans notre discussion et lançant un poème « a cheikh Mohand Oulhoncine, nussad a k nissin, a y alvaz izedghen lksour (oh cheikh Mohand Oulohoucine, nous sommes venus te rendre visite toi l’aigle qui habite les palais). A un autre membre de l’association de nous donner plus d’explication : « En plus de Cheikh Mohand, nous allons se recueillir à la tombe de Cheikh Mhand Wava.
Ce dernier est un enfant de notre village et c’est lui qui a succédé à cheikh Mohand après sa mort en 1901 » nous a-t-il expliqué d’avantage. D’autre nous ont informé que la mosquée du village porte le nom de Cheikh Mhand Wava, une manière pour eux de perpétuer le nom de cet homme parti de rien du village et ayant réussi a gagné la sympathie et la confiance de cheikh Mohand et le choisir comme son lieutenant puis comme son successeur à la tête de cette forteresse de la sagesse et de la foi. Vers 8h 30 mn, le bus s’ébranle à partir du village Ighil Mehni. Dans les visages des veilles et des vieux on peut lire beaucoup de bonheur et de joie. A la place de la musique ou du bruit du moteur on entend les chants religieux des occupants du bus. L’ambiance est très belle, dans le bus. La journée est très belle et dehors l’on peut admirer des paysages pittoresques des montagnes de Kabylie couvert de couleurs vertes du printemps. Particulièrement, aucune vieille parmi la vingtaine présente n’est restée indifférente. Les vieux se sont également impliqués admirablement dans l’ambiance.
Certaines vieilles se lèvent même de leur siège pour applaudir et chanter. Ce sont des moments de joie et d’évasion qui font oublier à ces vieux le poids de leur âge et l’ennui de tous les jours. Arrivé à la ville de Fréha, le bus marque une pause de près de 30 mn. Les membres de l’association, se sont également occupés à faire les achats pour les veilles. « On ne rentre pas les mains vides dans le sanctuaire. Il ne faut de l’offrande (Waada). En plus nous avons ramené avec nous d’autres biens, regarde, il y a la galette, les beignets…. Nous sommes en quête de la Baraka des ses hommes saints et nous sommes heureux d’aller vers eux avec nos sacs plein » nous a déclaré une vieille. Dans cette escale il y a également des membres d’une autre confrérie de Fréha qui a rejoint le Groupe. Dans notre trajet un autre minibus d’une vingtaine de personnes nous a accompagné.
« Ce sont nos amis de Fréha, il sont heureux d’aller avec nous pour faire ce pèlerinage » nous a déclaré un vieux. Cheikh Mohand, l’aigle habitant les palais Aux environs de 11h les deux bus arrivent hameau des Ait Ahmed. L’organisation est formidable. Un groupe de fidèle en tenu traditionnel accueil les pèlerins par des chants religieux. Les voix de ses fidèles résonnaient dans la sérénité qui caractérise ce lieu. Aux chants des vieux, s’ajoute les youyous des vieilles. Le cortège continuait ainsi son processus sur fond de la même ambiance jusqu’à l’entrée du sanctuaire. Cheikh Mohand repose dans un mausolée. Sa tombe érigée au milieu est couvert d’un tas de tissus verts. En plus des pèlerins venus avec nous nous avons trouvé tant d’autres venus de différents horizons. Il a y a des vieux, et des jeunes. A l’extérieur du mausolée, existe plusieurs autres tombes. Ce sont les hommes et les femmes de son entourage proche. A droit au pied de la porte d’entrée l’on nous montre une tombe. « Regarde, c’est ici la tombe de Cheikh Mhand Wava. C’est lui qui a choisi d’être enterré ici tout près de son maitre », nous a expliqué un membre de l’association Hnifa. On nous raconte qu’avant de mourir cheikh Mohand a donné à Mhand Wava son Burnous et une couverture. Le burnous c’est un signe de lui avoir légué son autorité pour le remplacer après sa mort et la couverture Mhand Wava l’a gardé jalousement. Avant de mourir en plus de son enterrement auprès du cheikh, il a demandé de couvrir son corps avec cette couverture de la baraka.
Au milieu de la cour existe un fauteuil en pierre érigé sur le sol. C’est le lieu ou s’assoit cheikh Mohand lorsqu’il reçoit ses visiteurs. Plus loin, c’est le salon d’accueil du cheikh. Il fait sombre à l’intérieur, au fond plusieurs bougies sont allumées. Le lieux est mythique et témoigne d’une époque lointaine. Au dessus, il y a de nouvelles constructions, mais le lieu érigé par cheikh Mohand en salon d’accueil et gardé jalousement en l’état. Les vieux et les veilles continuent leur chants et Medh dans la cours. Ils s’empressent de visiter la tombe de Cheikh Mohand et de Mhand Wava. D’autres s’empressent également d’ouvrir leurs portes feuilles pout tendre des billets à un homme débout au milieu de cette foule et qui fait a haute voix de prières et des vœux pour que l’offrande soit fructifié et les vœux exaucés. On sollicite la Baraka de ces hommes qui ont crées ce sanctuaire, on prie Dieu de leur donner paix, santé et protection. Abdenour Abdesslam évoque Mhand Wava Les membres de l’association ont tenu à inviter une personnalité pour leur expliquer beaucoup plus sur la vie de Cheikh Mohand et de Mhand Wava.
Il s’agit du chercheur Abdenour Abdeslam. Il va donner des explications dans le salon d’honneur du Cheikh : « Cheikh Mhand Wava est effectivement l’homme qui a succédé à Cheikh Mohand Oulohoucine. En plus des témoignage il existe même des citations et des poèmes qui témoigne de cette autorité spirituelle légué à Mhand Wava » témoigne Abdenour Abdesselam. Plus loin Abdenour Abdeslam ajoute « Ighil Mahni, en plus de Mhand Wava a donné vie à une autre célébrité qui est la chanteuse de Hnifa ». Au sujet d cette dernière il a donné plusieurs témoignages en la qualifiant d’un des monuments de la culture Kabyle. Poursuivant son témoignage il a qualifié Cheikh Mohand Oulhoucine de Jaen Jack Rousseau de la Kabylie. A signaler que, Abdenour Abdesslam a consacré tout un ouvrage à ce sage et chef spirituelle de la Kabylie durant le 19è siècle. Le livre est pour titre « Cheikh Mohand Oulhoucine Amousnaw, ou la renaissance de la pensée Kabyle ».
Avant lui il a bien reconnu que le mérite d’avoir parler sur cheikh Mohand revient à Mouloud Mammeri. Mais il a eu le mérite d’avoir relancer le débat et les recherche sur la vie et le rôle de ce personnage. En plus des citations et des poèmes, l’écrivain reconnait que depuis la parution de ce livre des personnes l’on approchés pour lui témoigner et lui livrer d’autres histoire, citations et poèmes de cheikh Mohand. Le responsable de ce sanctuaire est Si Lakhdar Ait Ahmed. Il est l’un des descendant du chikh. Agé de plus de 50 ans et portant une barbe qui n’a rien à voir avec l’islamisme politique, L’homme est le pivot de ces lieux.
Il connait par cœurs l’histoire de ce sanctuaire et des personnages, ainsi que les citations et les poèmes de Cheikh Mohand Oulohoucine, qui est son arrière grand Père. En très bon orateur et entouré d’une foule acquise à son discours, le responsable des lieux ne cesse de parler au sujet de Cheikh Mohand et de son successeur Cheikh Mhand Wava.« Cheikh Mohand est né en 1838. Il est décédé en 1901. Il a vécu 63 ans, un âge égal à celui du Prophète c’est d’ailleurs son souhait de mourir à cet âge très symbolique. Sa mère est Malha Bouzehri des Ait Fraouçen dans la région de Ain El Hammam. Cheikh Mhand Wava venu des Ait Djennad du village Ighil Mahni était son homme de confiance. C’est à lui qu’il a donné son burnous ainsi qu’une couverture qu’il a gardé soigneusement. C’est ainsi qu’il a vécu près de dix ans en héritant de la lourde responsabilité du cheikh après sa mort » expliquait à la foule Si Lekhdar.
Entre chaque explication, il cite une citation ou un vers d’un poème. Après cheikh Wava une autre histoire qui lie Ighil Mahni aux Ait Ahmed En plus de Cheikh Mhand Wava, les habitants de Ighil Mahni, se sont rendus dans un cimetière qui situé en bas du village Ait Ahmed pour se recueillir sur les tombes de leurs héros.Hasard du destin, deux des héros de la guerre d’Algérie qui sont des enfants de Ighil Mahni sont tombés au champ d’honneur non loin du lieu où reposait le cheikh Mhand Wava. Il s’agit des Chahids Mohand Hamadi et de Arezki Aba. Ils sont tous les deux de redoutables révolutionnaires, qui se sont impliqué dans la lutte politique puis dans la lutte armée prématurément. Le Chahid Hamadi est l’un des artisans et des acteurs clef de la célèbre Opération Oiseau Bleu. Il été avec Omar Toumi, Si Moh Tahar, Vrirouche et Krim Belkacem.
Une célèbre opération à travers laquelle Robert Lacost et tous les services secrets français ont été contre espionnés et contre manipulé. Cette opération a permet en 1956 à la Wilaya III historique d’équiper plus de 1200 hommes et ont rejoint les rangs de l’ALN. Dans ce cimetière existe quatre tombe non identifiés : « parmi ces Chahids existe deux des nôtres, il y a Arezki Aba et Hamadi » nous a déclaré Ferhat un septuagénaire de Ighil Mehni qui était parmi les pèlerins. Le Chahid Arezki Aba est de même famille que Cheikh Mhand Wava. Car le nom Wava est la transcription du nom en français qui devient « Aba ».
« Le jour de la mort du Chahid dans une célèbre bataille qui a eu lieu en face du sanctuaire de cheikh Mohand, les français ont donné l’information d’avoir abattu le colonel Yazouren dit Vrirouche. Ils ne se sont pas trop trompé car Arezki Aba était un secrétaire du colonel, sur lequel on a trouvé tant de documents important » nous a expliqué Mohand un autre vieux de Ighil Mehni. Si Lakhdar qui nous accompagnait également dans ce recueillement n’a cessé de nous raconter des faits de révolutions et de combat qui ont eu pour théâtre le sanctuaire du cheikh. Effectivement les Ait Ahmed sont impliqué dans la révolution, et pour preuve, Hocine Ait Ahmed le chef historique est un enfant de cette famille et un descendant du Cheikh Mohand. Sur les hauteurs du sanctuaire on nous fait visiter une autre demeure. Il s’agit de la petite maison occupée par Cheikh Wava « C’est ici qu’aime se reposer. Il dit à partir de cette colline, je ressens l’amour et la brise qui arrive de mon village Ighil Mehni » nous a déclaré le vieux Ferhat L’architecture de la demeure est très originale.
A coté existe une huilerie fait de la même architecture Le seul duel du cheikh Mohand était avec Cheikh Ahedad Nous retournons au sanctuaire du Cheikh. Nous avons trouvé que les chants religieux des Khouans ont repris de plus belle. L’on assiste même à des scènes d’hystérie et certains parmi eux crient à tue tête et s’effondre sur le sol. Si Lakhder ne cesse de nous parler de ce lieu. Il nous a déclaré que sa gestion est autonome est elle se fait par la famille des Ait Ahmed. Si Lakhdar regrette que lors du dernier colloque consacré au Cheikh à la maison de la culture de Tizi-Ouzou, aucun membre de la famille n’a été convié. Il a dénoncé également le film qui lui a été consacré « non ce film ne reflète pas la vraie personnalité du cheikh. Cheikh Mohand n’a jamais eu de duel avec Si Moh U Mhand, au contraire il se respectait bien. Le seul duel qu’il a eu était avec Cheikh Ahedad au sujet du soulèvement et de la révolte en 1871. » Il est 16 heures passée. Les cœurs remplis de joie et de la baraka, les vieux et les veilles s’embarquent dans les bus.
Il reprennent le chemin de retour et ayant la certitude d’avoir profiter pleinement de cette journée du pèlerinage. Entre Ighil Mahni et le hameau Ait Ahmed, en dépit de la longue distance qui les séparent, existe une profonde relation. Cette relation est cousue par un fil d’or par les héros d’Ighil Mahni tombé aux champs d’honneur sur cette terre, mais également par cette complicité qui liait Cheikh Mhand Wava au Cheikh Mohand Oulhoucine, qui incarne à jamais la lumière de la sagesse et de la pensée Kabyle.
De : Mohammed AMROUS