M’hamed Issiakhem, A la mémoire de…, de Malika Dorbani
Un hommage à l’homme et à l’artiste peintre
L’ancienne conservatrice du Musée National des beaux-arts d’Alger, Malika Dorbani, a signé en 2010 un ouvrage de toute beauté intitulé « M’hamed Issiakhem, A la mémoire de… ».
Cet opus de référence, publié sous la férule de Djaâfar Inal, qui compte parmi les amis intimes de feu M’hamed Issiakhem, se veut un hommage à l’homme et une gratitude à l’artiste peintre qui a tiré sa révérence un certain 1er décembre 1985, léguant à la postérité un patrimoine d’une valeur inestimable. L’opus, édité par institution muséale d’art moderne et contemporain, compulse sur une centaine de pages riches en couleurs, une brochette d’œuvres picturales de l’artiste peintre, rehaussées par des commentaires pertinents. Les œuvres de ce talentueux barbouilleur de toiles, maître incontesté de l’autoportrait, sont le reflet de son âme endolorie par les tourments de la vie, en même temps qu’elles incarnent la soif de liberté et de modernité, dans une Algérie délestée du joug colonial.
« Vivant, Issiakhem s’acharnait, lui-même, à porter haut cet exercice qui retombait chaque fois sous le poids de la vacuité du débat… La méthode des sciences comparées serait légitime si, élaborée selon les critères objectifs, elle nous révélait les inconnues de leur art. Heureusement, leurs œuvres les sauvent de la mort, en soumettant au jugement les valeurs et les qualités intrinsèques qu’elles véhiculent. Le temps change et le regard s’émancipe aussi, malgré les vents sporadiques et contraires à son envergure », dispose l’auteur dans les premières pages de son ouvrage. M’hamed Issiakem, dont les toiles aux relents d’expressionnisme font la part belle à l’écho de la figure féminine et à la monochromie des tons, a marqué son entrée initiatique dans le monde de la peinture par un autoportrait. Il en fait de même pour dire ses adieux. Et une fin en apothéose ne peut mieux se dépeindre autrement que par une fresque de derrière les fagots, l’Autoportrait lll. « …Il s’en est allé en nous gratifiant d’un dernier regard, non plus le reflet de lui-même, comme d’habitude, ni pour un bilan définitif ou une sublimation, désormais inutile. Il se retourne vers nous, à moitié infirme, décharné et sans énergie », résume Malika Dorbani.
Mohammed Amrous