Mizrana. En raison de conditions de vie insoutenables
La population fuit les villages
Le phénomène de l’exode rural qui a pris de l’ampleur ces dernières années en Kabylie, n’a pas épargné la commune de Mizrana (Tigzirt). Les raisons évoquées sont multiples. La région demeure toujours marginalisée par les pouvoirs publics, qui n’ont rien fait pour retenir les citoyens sur place. D’ailleurs, dans les trois villages les plus reculés, à savoir Tamazirt Ourabah, Tikiouache, et Ibekhtaouen à quelques encablures au sud-est du chef-lieu communal de Mizrana, en particulier le village de Athouri dans la commune de Tigzirt, situé au milieu de la forêt de Mizrana, mais appartenant administrativement à la commune de Tigzirt, se trouvent abandonnés par les autorités locales. En effet, Les conditions de vie sont intenables. Les habitants ont déploré le fait que leurs villages n’aient pas bénéficié de projets de développement. De ce fait, les habitants de ces villages préfèrent aller sous d’autres cieux plus cléments, afin de rompre avec un quotidien plein d’aléas. Nombreux sont ceux qui sont actuellement établis à Tigzirt et Haga, une bourgade sur le chemin communal la reliant par la route nationale 71 à Tigzirt, à l’exemple de ceux de Tamazirt Ourabah. «Nous avions beaucoup attendu et résisté même durant la décennie noire, car nous savions que la paix allait revenir un jour, mais, hélas, nos jeunes ont fini par perdre espoir devant le chômage endémique qui ronge cette frange très sensible de la société. Cela sans parler de la crise du logement et de la mal vie», nous a déclaré un septuagénaire de la région d’un air navré, avant d’enchaîner : «Comment voulez-vous parler de développement alors que la RN24 qui traverse notre commune tout le long du littoral et qui nous relie à la ville portuaire de Dellys est toujours fermée pour des raisons de sécurité, dit-on, c’est la seule route fermée pour cette raison dans tout le pays, comme si le terrorisme n’existe qu’ à Mizrana». Ajoutons à cela l’épineux problème de la pénurie de l’eau potable. Même en période hivernale, les familles ne doivent leur salut qu’à d’anciennes fontaines et à des puits de particuliers pour s’approvisionner de cette denrée précieuse, puisque la commune de Mizrana n’est pas raccordée à la distribution de l’eau potable du barrage de Taksebt. De ce fait, elle souffre des affres de la soif, en période estivale particulièrement. Les citoyens de cette région se sentent livrés à eux-mêmes. «Toutes nos requêtes adressées aux autorités locales sont restées lettres mortes», déplore un autre villageois. Il faut un véritable plan Marshall pour ces villages pour les sortir un peu de leur isolement, à l’exemple des villages de Tamazirt Ourabah et celui de Tikiouache qui ont connu un exode spectaculaire.
Mohammed Amrous